lundi 22 octobre 2007

Sexisme à la télé: Carton rouge à Envoyé Spécial

En matière de délire féministe, je crois que le reportage Gambie, Charter pour l'Amour, diffusé par France 2 dans le magazine Envoyé Spécial atteint des sommets. On y traite d'un sujet brûlant: le tourisme sexuel.
Conséquence directe de l'explosion des flux de migrants ainsi que du décalage croissant entre les pays pauvres du sud et les pays riches du nord, ce phénomène est à juste titre communément considéré comme un fléau, une instrumentalistion de l'être humain, une industrialisation des corps. En payant pour un service, sexuel en l’occurrence, le touriste sexuel achète la liberté d’une personne sur laquelle, un temps compté, il a tous les droits. Y compris celui de réduire cette personne à l’état de "bien" marchand.

En Gambie, débarquent chaque semaine des milliers de femmes venues de toute l'Europe (Pays-Bas, Allemagne, Angleterre, Suède, France) qui exploitent sans le moindre scrupule la misère humaine et s'achètent à bas prix durant leur séjour la compagnie d'un Bombstar obligé de se prostituer pour survivre, aider sa famille et tenter d'échapper à son destin. La reporter présente ces hommes, mineurs pour une partie, de la façon suivante:
"Sans emploi, sans avenir, ils vivent aux abords des plages et sont à l'affut de la moindre commission qui les aidera à survivre. Leurs proies, les touristes européennes qui affluent ici en masse"
Comment peut-on dans un tel contexte justifier l'usage de poncifs féministes qui consistent à présenter systématiquement la Femme comme une victime? Il est, à mon sens, particulièrement indécent de tenter d'inverser les rôles ici. Les proies ce sont les prostitués, les prédatrices, les touristes.

Plus loin,on nous présente Odette, qui vit désormais "7 mois de l'année loin de sa Hollande. Là bas, elle laisse derrière elle 2 enfants, une vie bien organisée, et une brillante carrière d'informaticienne. A 48 ans, Odette a enfin décidé de s'occuper d'elle". Ici également, la journaliste déculpabilise le personnage, en présentant le tourisme sexuel comme une simple activité de loisir, une alternative à un possible séjour en thalassothérapie où l'on "s'occupe de soi".

Encore plus fort, l'histoire de Nora: "Nora a rencontré son compagnon il y a 6 ans, alors qu'elle était en vacances avec son mari (...) Pour Nora, le coup de foudre a été immédiat, sans appel (...) J'ai été tellement saisie, que j'ai fait une photo, et cette photo...je suis tombée amoureuse avec cette photo...juste avec la photo." La suite? "Nora a tout quitté: Son mari, son travail, son pays, l'Allemagne"
Tout nous est présenté comme si Nora était une victime. La vraie victime dans l'histoire, n'est-ce pas le mari qui est parti en vacances avec sa femme et qu'on abandonne sur un coup de tête, pour une utopique relation amoureuse, pour une histoire sans aucun avenir possible puisqu'une des deux parties agit sous la contrainte avec pour unique objectif de tenter d'échapper à sa condition de misère?

A cet égard, le témoignage d'un jeune Gambien, pris dans l'engrenage, ne laisse d'ailleurs planer aucun doute: "Ce n'est pas bon pour moi. Je ne suis pas heureux de faire ça. On le fait tous parce qu'on est pauvre, on doit se nourrir, nourrir sa famille. Et puis chez nous, même si on est pauvre, on a des principes. Quand vous êtes avec une femme blanche et vous dîtes je suis amoureux, certains vous disent c'est pas vrai, elle se sert de toi (...) Notre loi est claire: Quand on est musulman, on n'a pas le droit d'avoir de petite amie en dehors du mariage. Sans la pauvreté, personne ne ferait ça ici..."

Nora est amère que son compagnon fréquente désormais d'autres touristes, mais à ses demandes de mariage, à sa volonté d'aller en Europe, elle n'a jamais rien répondu d'autre que "Je ne pourrais pas faire ça, je n'ai plus rien à faire là-bas"



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