samedi 20 octobre 2007

Helena et les garçons (Partie 1)

L'autre jour, j'avais rendez-vous pour boire un verre sur la terrasse intérieure d'un bar branché avec ma collègue Helena, secrétaire au département des Ressources Humaines. Arrivé un poil en avance, je m'installe sur l'un des canapés design de l'endroit, chassis en bananier tressé, vastes coussins moelleux couleur écru, l'ensemble reposant sur un caillebotis fait de teck et bordé d'une table basse style colonial assortie.
Je balaie du regard la clientèle encore disparate qui vient se distraire après les heures de travail et profiter de l'ensoleillement généreux en ce début de week-end aoûtien. Trois fiers jeunes loups cravatés se tiennent en cercle au bar, cocktail mojito en main, probablement occupés à passer en revue les événements de leur semaine surchargée d'auditeurs financiers juniors transpirant d'ambition carriériste.
Plusieurs autres groupes mixtes semblent passer un bon moment autour d'une bière. Plus en retrait, un playboy d'une quarantaine d'années à la crinière poivre et sel, et une femme d'environ quinze ans sa cadette sont assis face à face, penchés l'un vers l'autre et semblent pratiquer impunément le jeu de la séduction. A coup sûr un chef d'entreprise qui rêve de se farcir la nouvelle employée de la compta dans un sous-bois, sur le capot de sa SL500.
Voici qu'apparaît Helena. Elle maîtrise parfaitement le numéro d'équilibriste imposé par ses escarpins italiens à talon aiguille et au bout si pointu qu'un frisson me parcourt l'échine, m'imaginant les dégâts qu'ils pourraient infliger, par derrière, aux testicules d'un adepte de pratiques SM à quatre pattes, tenu en laisse cloutée et masqué par une cagoule en latex.
La lumière donne à ses yeux un ton turquoise improbable, tranchant radicalement avec le foncé de ses cheveux mi-longs et de sa peau basanée en cette période estivale.
Alors qu'elle se dirige vers moi en souriant, je me délecte du spectacle prévisibles de tous les regards masculins instantanément aimantés vers les attributs de la belle. Sa poitrine kittée par un soutien-gorge resserrant/baleiné/rembourré ou je ne sais quelle autre illusion d'optique semble opulente, et le tombé de son ample tailleur en lin masque parfaitement une légère culotte de cheval inhérente au manque de temps qu'elle est en mesure de consacrer à la lutte pour la réduction de son taux de masse lipidique.
Car Helena, qui m'a désormais rejoint et s'est allumé sans tarder une cigarette extra-longue, fait partie de ces femmes indépendantes et libérées du joug de la dictature masculine, incapables de gérer leur emploi du temps surchargé. Mariée à son premier amour au sortir de l'adolescence, elle vient de divorcer à l'aube de ses trente ans, selon un scénario classique et quasi inéxorable, en ayant bien entendu préalablement donné naissance à un enfant aujourd'hui âgé de quatre ans, dont elle éprouve les plus grandes difficultés à assumer l'éducation. Il faut dire qu'en ce moment, elle se consacre plutôt à la reconstruction de sa vie sentimentale.
"Désormais, je veux un homme juste pour les bons moments! Les chaussettes, ils n'ont qu'à les laver eux-mêmes"
Je lui demande si elle a fait des rencontres dernièrement, tout en connaissant déjà la réponse puisqu'on m'a rapporté qu'elle affichait ouvertement ses intentions depuis quelques temps dans les endroits à la mode de la ville jusque pas d'heure. Elle s'est apparemment même adonnée récemment à un lesbo-show plutôt explicite en compagnie d'une de ses compagnes d'aventure sur les tables d'un club, portée par le regard lubrique et alcoolisé de dizaines de prédateurs en semi-érection, ravis de l'aubaine.
"Il y a deux semaines, j'ai passé le week-end sous la couette, avec un italien de Bari qui était de passage...On l'a fait au moins dix fois. Il m'a dit qu'il allait m'inviter chez lui, mais je n'ai pas eu de nouvelles depuis" m'indique-t-elle.
"Tout à l'heure, j'ai reçu un sms d'un mec que j'ai rencontré en boîte. Il m'a proposé de venir me détendre chez lui dans son jacuzzi, mais je n'ai pas le temps. Je dois récupérer la petite chez ma mère. En fait, je vais pas donner suite, car j'ai RV avec un autre homme. C'est un footballeur...Son équipe joue demain. Il m'a invitée au match"
Après avoir sirotté trois kirs, alors que le soleil commence à tomber et que la température fraîchit, Helena et moi nous quittons. Elle s'en retourne chez elle, pour se consacrer à sa deuxième vie, celle de mère, et je lui souhaite beaucoup de chance dans sa quête de l'âme soeur.
(A suivre...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Reconstruire sa vie sentimentale en couchant à droite à gauche ? mais bien sûr ... je pense qu'elle a plus envie de s'amuser que d'un truc sérieux à ce niveau là, j'espère juste que l'enfant n'aura pas à en souffrir